16 février partie 1 : do-re-mi-fa-so-la-ti-dodo

Tu te souviens, cher lecteur, quand je t'ai laissé hier? Assis dans l'avion? Sache que cela fait maintenant 1h que je suis assis dans ce maudit avion. Tu te rappeles aussi sûrement qu'une légère tempête se levait? Eh bien il semblerait qu'elle se soit tellement levée qu'un déglaçage (nettoyage?) de l'avion doit être fait avec les passagers dedans, à quelques pas de la piste de décollage. Au final, c'est avec pratiquement 1h30 de retard que nous nous envolons de Montréal, au son des annoncements toujours faits d'abord en portugais. Si je peux me permettre une parenthèse linguistique, je dirais que le portugais sonne à mes oreilles bien loin de l'espagnol que je comprends d'habitude. Oui, j'attrape quelques mots, mais on est loin d'une compréhension bidirectionnelle entre les deux langages comme je le pensais...

Une fois en l'air, je poursuis la rédaction de mon blogue tout en maudissant les dieux de l'aviation, car je suis persuadé que notre courte correspondance ne se concrétisera jamais. En effet, si notre destination a une avance de 5h, et qu'on considère le temps local au moment du décollage (4hAM), pour un vol de 4h20 minutes, on arrive à l'aéroport de destination vers 8h20. Surprise! Notre correspondance est justement prévue pour décoller à 8h20! Je suppose que tu vois mon angoisse depuis quelques lignes, cher lecteur.

Alors que j'en suis à me faire à l'idée que mon début de voyage sera gâché, j'entends la voix de l'hôtesse d'abord en portugais (langage de plus en plus incompréhensible à chaque fois que je l'entends), puis en anglais, mentionnant que notre arrivée serait à 7h10 du matin, heure locale de Ponta Delgada. Pour moi, ça ne fait aucun sens, ça devrait plutôt être 8h10, voire 8h20. Seule hypothèse possible : Ponta Delgada et Funchal ne sont pas à la même heure, et Madère a une heure de plus, ce qui nous créerait une demi heure sortie de nulle part pour attraper notre correspondance. Comment toutefois vérifier cette théorie de manière à pouvoir me relaxer dans l'avion? Je remarque qu'un réseau est offert sur le vol, et malgré l'absence d'écrans, il permet de voir l'heure et la progression du vol. Eh bien, ma foi, les dieux de l'aviation ne sont peut-être pas contre moi, finalement. Théorie vérifiée, stress presque disparu: nous allons réussir à faire notre correspondance! Rassuré, je continue d'écrire aux sons de do-re-mi-fa-so-la-ti-do (une chanson de Porter Robinson) jusqu'à ce que la fatigue me fasse tomber de sommeil par petits intervalles. Quand j'en suis rendu au point où j'oublie ce que je suis en train d'écrire, c'est l'heure de prendre une pause! Je commence à me décider à fermer les yeux, et j'arrive presque à m'endormir! Qu'est-ce qui m'arrête? Les lumières aveuglantes de la cabine qui soudainement se rallument. À quelque 2 heures de l'arrivée, à peine une heure depuis que nous sommes stabilisés dans les airs, l'équipage a décidé que c'est l'heure de manger un sandwich. Cerise sur le gâteau, on me sert en premier, car j'ai prétendu avoir besoin d'un repas au gluten. C'est la première fois que je fais cela, et c'était vraiment dans l'espoir de manger le plus vite possible et de pouvoir dormir après le service de repas. Le karma m'a rapidement fait savoir que de procéder ainsi ne m'aura apporté qu'un pain sec et farineux avec peu de goût, preuve qu'au retour, je me contenterai d'un repas normal! Assurément, le temps que tout le monde soit servi et que tout soit ramassé, il ne reste plus qu'une heure, environ, pour tenter de dormir... Du moment que je m'apprête à réussir à me rendormir pour la deuxième fois, celui deux sièges à ma gauche décide que c'est le moment d'aller au toilette. Bon, d'accord, je me lève, je laisse passer, je fais un état de la situation avec Pop qui ne semble pas avoir très bien dormi non plus! Tu t'en doutes cher lecteur, jusqu'à l'arrivée, je n'ai finalement eu que très peu d'occasion de somnoler. Bon. C'est ce qui est étrange, aussi avec le fait d'avoir un vol transatlantique coupé en deux par une escale au milieu...

Comme l'avait prévu ma nouvelle compréhension des fuseaux horaires, nous arrivons à Ponta Delgada avec suffisamment d'avance pour être juste pour notre vol de correspondance. Je soupçonne aussi le chauffeur d'être allé un peu plus vite que sa vitesse prévue, histoire de permettre au quart de l'avion de ne pas manquer le vol vers Madère - notre destination finale, je le rappelle. À Ponta Delgada, nous sommes accueillis par du crachat de pluie, si ça se dit. Honnêtement, la quantité se brouillard était telle à 7h du matin que je ne comprends pas comment le pilote a même pu voir la piste d'atterrissage. Cela dit, il est tout de meme parvenu à nous faire atterrir sains et saufs; c'est ce qui compte. On marche donc sur le tarmac pendant quelques minutes avec la pluie et les autres voyageurs comme seule compagnie. Heureusement, ce n'est pas le genre de météo qui nous attend à Madère! Les passeports canadiens ne fonctionnant visiblement pas dans les machines de scan automatiques, on nous invite à se rendre devant les douaniers derrière les kiosques traditionnels. Notre tour venu, il ne nous pose aucune question et nous n'avons qu'à lui donner notre passeport. Bon. On doit avoir l'air sympathique, ou c'est le fait que nous soyons des Canadiens. Peut-être un mélange des deux. Dans tous les cas, lui, il n'avait vraiment pas l'air sympathique... D'ailleurs, à cause de l'espace Schengen, je réalise que son manque de questions et d'entregens vient de donner libre circulation sur le territoire de nombres de pays. Comme diraient nos cousins Français, c'est un peu flippant!

L'aéroport est minuscule et visiblement sujet à un processus de modernisation. Malgré tout, la sécurité semble suffisamment prise au sérieux. Après avoir traversé une zone hors taxe constituée d'un nombre impressionnant de 3 ou 4 magasins, Pop et moi arrivons à notre porte, la porte 7. Tu sais qu'un aéroport est petit quand un seul chiffre suffit pour désigner une porte, cher lecteur. On se retrouve, après quelques minutes d'attente, à être les premiers scannés pour l'embarquement - probablement car on se tenait dangereusement proche de la pancarte pour l'embarquement prioritaire. Il faut une première fois à tout. Quelques minutes d'attente devant une porte vitrée, puis elle s'ouvre pour nous inviter à affronter la météo extérieure à nouveau. Bon, je ne créerai pas de drame supplémentaire, la météo c'était grandement améliorée en à peine une heure. Presque plus de brouillard ni de pluie. On va le prendre - j'ai encore un traumatisme du déglaçage d'avion qui a duré 1h30 à YUL hier...
L'avion dans lequel on embarque est petit et serré. Et bruyant. Très bruyant. Je n'avais jamais pris place dans une avion avec des hélices externes (si c'est le bon terme). Ai-je dit qu'il était bruyant? Autant dire que le sommeil y aura été inexistant. J'ai eu droit à deux collations, parce qu'il y a eu une confusion avec ma demande de repas spécialisé... Finalement, ça paye, des fois, demander un repas spécial (reste à l'écoute pour la prochaine fois où le karma revient me hanter)! J'aurais bien aimé me reposer sur le fait d'avoir eu 2 collations, mais le monsieur imposant à ma gauche a décidé que nous allions devenir amis. Son nom? Chris. Ben oui. S'ensuit une longue conversation sur son travail d'enseignant de musique, mon travail en cybersécurité, le taux d'échange des dollars canadiens, le contexte politique aux États-Unis... J'en passe. Bon, il n'était pas inintéressant. Est-ce que j'aurais préféré dormir pendant cette dernière heure de vol vers Madère? C'est encore un débat. 

Puisque tu me lis, tu te doutes que l'atterrissage dans le neuvième aéroport le plus dangeureux du monde s'est bien déroulé. Un peu sec, pas tout à fait violent - acceptable. Un peu du niveau de Ryan Air, mais en portugais, si tu me suis. L'autobus de transport collectif qui nous amène à l'hôtel passe aux heures, et mes calculs suggèrent qu'on a que quelques minutes pour l'attraper - au plus une dizaine. On tente donc de se dépêcher et de circuler le plus efficacement possible vers la sortie après être entrés dans le terminal. Que je déteste les gens qui marchent sans objectif. Je dois le redire. Si tu ne sais pas où tu vas, tasse-toi sur le côté. Ça te rend autant service qu'à moi, il me semble. Bref, on se retrouve à l'arrêt de bus sans trop de difficulté, et on devine le prix sur ce qui ressemble à un graffiti fait au crayon Sharpie. J'ai soudainement une confiance amoindrie dans tout ce système de transport. N'empêche, hormis cette incivilité européenne classique des gens qui s'engouffrent dans un autobus sans connaître le concept de "faire une file", l'entrée dans le bus se fait sans trop d'accrocs, si ce n'est que nous avons dû payer par cash, ce qui est moins qu'ideal en 2025, si tu veux mon avis. Pop et moi trouvons place dans les quelques sièges libres restant au fond. Avec seulement 2 arrêts à faire sur un parcours d'au moins une vingtaine d'arrêts, notre temps total aura été d'environ 30 minutes. On a dû s'avancer dans l'allée alors que les forces physiques se jouaient de nous dans les tournants serrés que devait prendre le bus, cela pour dire au chauffeur de bien vouloir arrêter à notre arrêt. À quelques pas, on retrouve notre hôtel, mais avant, Pop insiste pour qu'on se prenne en photo sous les beaux arbres qui recouvrent la rue. Elle a raison, c'est déjà très beau! En plus, on apprendra que notre chambre détient une terrasse, bon point de vue pour prendre quelques photos!
L'enregistrement se fait rapidement, puis nous montons à la chambre pour se doucher et prendre 1h de sommeil bien méritée. Il ne faudrait pas prendre davantage si on veut pouvoir s'ajuster à l'heure du pays de destination! Je te le dis tout de suite, le réveil a été difficile, même si je n'ai techniquement pas dormi. Le plan pour le reste de la journée, c'est d'explorer un peu sans trop utiliser de GPS, et se laisser attirer par les choses qui nous semblent les plus intéressantes. Et des choses intéressantes, nous en aurons vues, cher lecteur. La ville regorge de petites places charmantes, de cafés, de rues commerçantes et d'endroits pour se reposer, que ce soit en bordure de mer ou dans des parcs, incluant certains qui rappellent un jardin botanique à la vue des étiquettes accrochées au tronc de certains arbres. Détails à suivre ci-bas.

On explore d'abord le toit de notre hôtel, où se situe la piscine, puis on y prend quelques photos du paysage qui nous impressionne encore. Sincèrement, ça fait du bien, un hôtel, quand on revient d'un long voyage en avion...
Cher lecteur, je peine à aligner deux mots et à écrire cette entrée alors que je n'ai toujours pas dormi réellement depuis mon départ. Je te laisse donc ici pour aller me coucher, et je te raconte la partie 2 de cette journée anormalement longue demain!

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