15 février : Jouer au coiffeur

Cher lecteur, c'est jour de départ. N'ayant pas été occupé par des activités parascolaires de St-Valentin hier soir (pour le meilleur et pour le pire), j'ai pu profiter d'une bonne nuit de sommeil et d'une bonne matinée à faire la paresse. Pour ton information, même la fin de semaine, la paresse, ce n'est pas quelque chose que je fais souvent. Quand 9h arrive, j'ai l'impression que je commence à empiéter sur du temps qui pourrait être autrement utilisé à faire quelque chose... d'utile, tu l'auras deviné. Je profite donc de cette paresse matinale pour écouter le second épisode de la série Severance, ou Dissociation au Québec (merci Wikipédia), autrement pertinente pour ce que je m'apprête à te raconter. 

La série Severance suit des travailleurs qui ont reçu un implant au cerveau faisant en sorte que lorsqu'ils sont sur leur lieu de travail, ils perdent tout souvenir de leur vie extérieure, et vice-versa. Un peu comme s'ils avaient deux consciences, chacune exclusive à une facette de leur vie. Je te raconte ça, cher lecteur, car bien que ce soit loin d'être aussi défini et drastique, j'ai parfois l'impression lorsque je voyage que je vis quelque chose d'analogue. Par exemple, quand j'ai remis les pieds en Europe l'été dernier, c'est comme si soudainement, mes souvenirs de la dernière fois était plus vifs, plus clairs. Un peu comme si je me mettais en "mode voyage", finalement! Oui, je sais, cher lecteur - c'était tout un préambule pour une toute petite anecdote.

Toujours est-il que la paresse finit par se finir, et que l'idée d'un bagel plein goût aux cretons fait suffisamment son chemin à mon esprit pour que je me rende à l'épicerie dans la neige toujours épaisse de la tempête d'il y a quelques jours. Anecdote, plus courte cette fois, en lien avec l'épicerie : ils ont bougé plein de produits! Plein! Je cherche des choses et je ne les trouve pas - c'est visiblement le cas pour plusieurs autres clients qui s'arrêtent et regardent autour d'eux comme des poules pas de tête. Scène amusante, je dois dire.

Après mon déjeuner, c'est valise et repos. Une température attendue d'environ 16 à 20 degrés celcius, c'est un peu une zone floue pour moi en termes de quoi amener comme vêtements. J'y vais au mieux, et je laisserai à ma tante le soin de me dire quel short mettre avec quel chandail pour ça fit (loi 101: s'agence). Viens éventuellement l'heure de se laver. Bon. Me regardant dans le miroir, je constate mes cheveux longs, ébouriffés et non peignés. Premier constat: ma mousse en aérosol ne passera clairement pas la sécurité aéroportuaire. Deuxième constat: là où je vais, ce n'est pas l'hiver, du tout. Suer dans mes cheveux longs... Non. Devoir tenter de les dompter chaque matin? Non. S'impose donc à moi une idée des plus intéressantes : je vais utiliser mon propre rasoir avec un embout très large. En effet, on m'a dit que plus large l'embout est, plus il est censé rester de cheveux après avoir passé le rasoir.

Cher lecteur, il semblerait que dans la vie, il ne faut pas s'attendre à pouvoir se fier à tout ce qu'on entend. L'embout que j'ai choisi devait me laisser un bon pouce de cheveux. Suffit de dire que ce ne fut pas le cas. Avec mon coloc des derniers mois, Étienne, nous avons tenté de rattraper le coup alors qu'il m'aidait à enlever les dernières rosettes et faire en sorte que je n'aie pas l'air d'un religieux un peu trop illuminé. Tu te doutes du résultat, j'ai maintenant de nouveau les cheveux courts. C'est la vie, en vrai, ça me donne une excuse de ne plus avoir à les peigner, ce qui honnêtement n'est pas plus mal que ça. Ce n'est pas dit que je ne les laisserai pas repousser; on verra.

L'épisode coiffure improvisée terminé, je finalise quelques derniers préparatifs, me lave, puis prends quelques instants pour dire au revoir à mon piano (lire: je joue quelques chansons, histoire d'accumuler en prévision de la semaine qui arrive). À quelques minutes du départ, vers 18h, je dis au revoir à Étienne, qui partira aussi en Europe bientôt : on n'aura pas la chance de se recroiser à mon retour, ce sont donc presque 8 mois de cohabitation qui s'achèvent. À mon retour, je découvrirai donc les tristesses et les joies d'habiter seul. Food for thought! (Loi 101: Nourriture à réfléchir!)

Mon trajet en Über jusqu'à YUL se déroule sans accroc, hormis le fait que mon chauffeur ne semble vraiment pas vouloir être là. En plus, je lui ai dit qu'il ne prenait pas le bon chemin, mais il s'avère que c'est moi qui étais fautif. Génial! Jimmy se sentait petit dans ses culottes! Je rejoins donc ma tante au terminal international, elle qui m'attend sagement devant les bornes d'enregistrement de SATA International Azores Airlines - bornes qu'elle a pris le temps de repérer avant mon arrivée. Finalement, autant elle que moi sommes arrivés avec un bon 3h d'avance, parfaitement adéquat avec les recommandations aéroportuaires. On fait donc la file au comptoir, car on n'est pas assez certains que les bornes d'enregistrement automatiques fonctionneront (la compagnie aérienne a spécifiquement demandé d'obtenir la passe d'embarquement à l'aéroport - version numérique indisponible). La dame demande de peser nos bagages... Hmm... J'ai complètement oublié ça! Par chance, je fais exactement 8kg, la limite prescrite. Quant à ma tante Pop: 8,5kg. Bon, on a la chance d'être arrivés assez en avance, ce qui semble faire tendre la dame au comptoir vers la tolérance et la gentillesse. Elle nous avertit: la prochaine fois, il faut faire attention!

Merci, madame. La prochaine fois que je vais voler avec votre compagnie vers une destination portugaise, je ne manquerai pas de faire attention. Bon, je me moque, autant sommes-nous très heureux qu'elle nous ait laisser passer sans autres formalités.

L'expérience à la sécurité se l'aéroport sans laptop (loi 101: en dessus de cuisses?) est beaucoup plus rapide que lorsqu'en trimballe un pour le travail. Pas besoin de le sortir et de le mettre dans un gros bac gris: juste les liquides sont à l'honneur, comme d'habitude.

Si tu m'as déjà lu, cher lecteur, que ce soit en Norvège ou à New York, tu sais peut être déjà que ma carte Desjardins me donne accès au salon du même nom à l'aéroport YUL. La sécurité passée et une très longue marche plus loin, on y arrive avec la satisfaction de n'y voir aucune attente. Ça arrive parfois, avec la démocratisation de ce type de privilèges, mais on y échappe par pure chance. Le menu de ce soir est vraiment intéressant : brochettes de poulet, pâtes, salade, soupe froide (je m'en suis rendu compte plus tard) à la courge musquée... La dernière fois ce n'était pas vraiment de ce niveau. Le temps passe vite en bonne compagnie - Pop et moi jasons de tout et de rien en mangeant, puis en remarquant la tempête qui se lève, peut être un peu plus vite que prévue. On regarde: pas d'impact sur notre vol pour le moment. Génial! 15 minutes avant l'heure d'embarquement prévu 
 
J'hésite à jouer sur un piano public en fact de notre porte, pour finalement constater une succesion de gens doués qui m'ont enlever le petit millilitre de courage qu'il me manquait pour aller jouer les quelques airs potables que je connais!
Avec une bonne demi-heure de retard, si ce n'est davantage, on embarque finalement dans l'avion PAR RANGÉES. Incroyable. Si c'est fréquent, dis-moi qui le fait - je n'ai jamais vécu cela auparavant. Déception du jour, ils ont changé l'avion qu'ils nous avaient promis. Le résultat, c'est un avion plus petit et sans écrans pour un vol de 5h. Bon. Ce n'est pas la fin du monde, je l'avoue, mais ces écrans sont assez pratiques pour qui cherche divertissement. Gardons en tête un point positif! Tous les bagages en cabine ont pu entrer avec succès dans les compartiments du haut, un miracle en soi, là où mes précédentes épopées aérospatiales... Disons simplement que ce n'était pas la norme.

La tradition, c'est d'arrêter ma première journée du moment que la date change à ma destination finale. Bon, c'est techniquement déjà le cas, j'ai dépassé un peu! C'est assis dans l'avion en attente du décollage que je dis à demain!

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