17 février : De la luge sur l'asphalte

Initialement, ce 17 février devait être une journée pluvieuse à 100%, c'est-à-dire du matin au soir. Cher lecteur, il faut croire que la chance est de notre côté, car il semblerait, en regardant la météo ce matin, que dite pluie a été retardée par mère nature et qu'elle arrivera seulement en fin d'après-midi. En ce sens, bien que le port de Madère accueille aujourd'hui deux bateaux de croisière plutôt qu'un seul, on se dit qu'on aurait l'occasion de profiter d'une matinée s'annonçant plutôt sèche pour cocher plusieurs cases essentielles sur notre liste.

Bon, le réveil n'a pas été particulièrement facile, mais le sommeil a fait énormément de bien! Il faut dire qu'après avoir épuisé nos dernières gouttes d'énergie hier, il était plus que bienvenu! Ce matin, je fais découvrir à ma tante le luxe d'un petit déjeuner inclus dans un hôtel 4 étoiles. Je dois avouer que je m'y suis habitué dans mes voyages précédents (pas aux 4 étoiles, mais au déjeuner inclus!). C'est très pratique de ne pas avoir à se questionner sur ce qu'on déjeune à chaque matin, et surtout, ça sauve du temps. Bon, cette journée n'est pas surchargée, donc on prend quand même le temps de profiter de ce repas qui s'avère très complet. Plusieurs fruits, des pâtisseries, et le nécessaire pour reconstituer un déjeuner anglais classique. Oui, ça inclut les maudits champignons et les fèves au lard dans une sauce tellement rouge qu'on se questionne à savoir si c'est artificiel ou non! Bref, tu vois mon point, le déjeuner était très complet. Pop en profite même pour dissimuler quelques quiches dans son sac à dos, bien qu'on ne soit pas supposés, cela afin de se constituer un petit dîner.

On remonte à la chambre se préparer pour notre escapade d'avant-midi, ce qui consiste essentiellement à s'assurer d'avoir nos imperméables sur nous ou dans notre sac au cas relativement probable que la météo nous surprenne plus tôt que prévu. Je peux concevoir que sur une île, les conditions météo puissent être changeantes et ce, de manière imprévisible. On marche tranquillement vers le téléphérique de Funchal en admirant la ville déjà un peu plus animée qu'hier. Ça se comprend, c'est lundi. Je dois admettre que j'avais un peu peur de l'achalandage avec les croisières, mais finalement, il semblerait que ces touristes ne sont pas encore debouts vers 9h30, ou encore que la météo nuageuse les ait refroidis. On fait donc la très courte file après un léger détour pour observer l'océan en face, puis on se retrouve avec quelques inconnus dans une cabine, direction le Sommet avec un grand S. C'est un peu serré, un peu lent, un peu nuagueux, mais autrement, le paysage est très très beau. C'est vrai que ça offre une vue unique! Malheureusement, une fine pluie s'invite alors que nous approchons du sommet, un peu comme pour nous narguer de ne pas avoir attendu la journée soleil du lendemain. Qu'à cela ne tienne, on prend le chemin du Monte Palace: il s'agit DU jardin à visiter à Madère, moyennant un coût d'entrée de 15 euros. Alors que notre visite s'amorce effectivement sous la pluie, on se rend rapidement compte qu'elle a cessé. Ma tante est ravie de ce constat, car elle s'était fait un petit chapeau de fortune avec son foulard, ce qui était moins pratique.

Le jardin commence avec une descente pavée ponctuée d'œuvres d'art qui montrent soit l'histoire du Portugal ou celle de Madère, c'était plus ou moins clair pour moi, sur des tuiles de carrelage de cuisine. Bon, on aura vu pas mal de ces carrelages au sein du jardin, mais le début de la route recommandée en était particulièrement riche. Notre premier détour nous amène vers une fontaine où séjournent plusieurs poissons typiques des jardins botaniques. On se retrouve ensuite dans le jardin oriental, honnêtement impressionant, avec plusieurs petits ponts et de multiples niveaux de passages qui donnent un peu l'impression d'être dans les jardins suspendus de Babylone. Sincèrement, ce jardin est notre endroit à photo favori, donc on s'amuse à prendre plusieurs clichés de type folie. Ma tante me parle depuis le début du voyage qu'on doit se permettre une folie: la mienne aura été d'enjamber la balustrade pour me percher sur un énorme tronc horizontal. Je sais, je suis tellement un bad boy (loi 101: méchant garçon)!
On trouve ensuite une genre de grande place avec une chute au bas de laquelle se prélassent flamants roses en amont et cygnes directement dans le lac dans lequel se jette la chute. À nouveau, l'impression de jardins suspendus est présente, au point où on s'aventure sur un petit passage étroit et un peu glissant pour que ma tante puisse aller faire sa pose préférée devant une plus petite chute d'eau bien sympathique. Fait étonnant, au milieu de toute cette végétation qui nous donne parfois un aspect tropical, on retrouve un bloc de toilettes, des vraies belles toilettes propres. Comme quoi, ils ont pensé à tout, même si ça enlève un peu le côté authentique à l'endroit. On remonte ensuite plus haut dans le jardin pour y trouver quelques autres sentiers, donc un qui mène ma tante à faire sa propre folie de la journée : faire sa pose yoga en équilibre sur un arbre hors du sentier. Je sais, cher lecteur, quels rebelles nous faisons!
On décide de sortir par une autre sortie du jardin pour rejoindre les luges sur l'asphalte, une activité unique à Madère pratiquée par des professionnels habillés tous pareils. Tiens-toi bien, cher lecteur. Pour 35€, deux hommes te poussent dans une rue asphaltée descendant la montagne, et contrôlent ta vitesse et ta direction de leurs bottes et de leur force. Je sais, c'est difficile à imaginer. C'était encore plus spécial à vivre! On a quelques photos pour montrer les gens qui nous poussent et notre arrivée à la fin. Ce n'était pas déraisonnable en termes de vitesse. La seule chose que nous avons trouvée un peu malaisante, c'est qu'au milieu du trajet, les monsieurs cessent de nous pousser, et nous tirent plutôt avec une corde chacun sur une durée d'environ 5 minutes. On se sentait comme si on était des poids, comme si on se faisait tirer par des chevaux esclaves. Le sentiment était spécial. Mais l'expérience générale était très bonne! Définitivement, quelque chose à faire. J'espère que les monsieurs en retirent la majorité de ce qu'on paye!

Il nous reste environ la moitié de la descente à faire à pied pour retourner à notre hôtel, descente qui nous prend une quarantaine de minutes en étant assez difficile sur nos genoux et nos mollets. On est très contents d'être montés en téléphérique! Les rues sont... correctes? Certains segments sont plus mignons que d'autres, donc c'est ceux-là qu'on choisit de photographier.
Mention spéciale à ce qui semble être des cerises de terre poussant dans les arbres?
Retour à l'hôtel, petite pause bien méritée pour notre niveau d'énergie. Je mange ce qui me reste de tartelettes portugaises, et ma tante découvre le bonheur en combinant les quiches et le pain qu'elle avait ramenés du déjeuner. On profite de notre petite terrasse, puis je me fais un power nap (SIESTE DU POUVOIR) d'une quinzaine de minutes, avant qu'on se déplace vers notre activité réservée de la journée, une visite guidée de la cave à vin Blandy's.

Le trajet pour s'y rendre est pluvieux par moments, mais assez court, donc on ne se plaint pas. Même si on avait réservé la visite guidée en français, je me surprends que l'accent de notre guide soit si bon. Bien sûr, le français n'est pas parfait, mais on la comprend très bien pour quelqu'un qui a appris le français par dessus son portugais de naissance. La visite s'amorce après un temps d'attente raisonnable passé dans le sofa de la boutique souvenir, et on nous explique plusieurs faits par rapport au vin de Madère. Si tu ne le sais pas, cher lecteur, c'est un vin assimilable à un vin dessert qu'on ne peut fabriquer qu'à Madère, et c'est très connu internationalement parlant. À défaut de me souvenir de tout, je t'explique le principal: ce vin n'est ni rosé, ni blanc, ni rouge. Il est caramel, parce qu'il s'oxyde lors du vieilliseement et de la fabrication. Il tourne autour de 18-22% d'alcool, et il a fini de vieillir de moment qu'il est embouteillé. Le vieillissement se fait avant la mise en bouteille, car il nécessite une oxydation. Enfin, plusieurs cépages sont utilisés pour le faire, par exemple Malvasia, Seircal, Tinta Negra et Bual. C'était la parenthèse vin.
Au sortir, on passe beaucoup de temps à choisir ce qu'on ramène comme vin, car je tente de rejoindre mon frère au Canada et de voir ce qui l'intéresse. Le point positif, c'est que la boutique a un partenariat avec l'aéroport, donc on peut acheter le vin moins cher maintenant et se le faire livrer comme du hors-taxes à l'aéroport. Très sympathique! On rencontre aussi un couple de franco-canadiens de Moncton lors de la dégustation à la fin de la visite, et on échange sur leurs anecdotes de voyage jusqu'à maintenant. Ils étaient plutôt sympathiques, et on arrive sans trop de difficultés à se comprendre mutuellement.
Notre prochain arrêt et le mercado dos lavratores, un marché intérieur apparemment iconique. Bizarrement, à notre arrivée, alors que la pluie promise débute, les commerces à l'intérieur commencent à fermer boutique un par un. On fait quand même un tour relativement rapide entre les étalages de fruits et les babioles pour touristes. Je mords à l'hameçon, et j'achète un verre à shot, ce qui est un peu une de mes traditions de voyage en termes d'achat de souvenirs. Quant au reste du marché, j'avoue l'avoir trouvé plus ou moins intéressant. On a quand même découvert un fruit local, l'anona, ou pomme-cannelle, qui ne semblait pas assez appétissante pour nous donner le goût de l'essayer, cher lecteur.

Le pluie est devenue torrentielle à l'extérieur, alors on se dépêche à essayer de se trouver un endroit pour souper: on finit par tomber sur un restaurant de style cubain, un peu par hasard et un peu parce qu'on était tannés de subir la pluie qui s'est montrée au rendez-vous en ce début de soirée. Après avoir commencé assis dehors au vent mais couverts par un auvent, on nous déplace à l'intérieur pour commander. Bon, on pourra se déshabiller, et être à notre aise pour manger! Le service a été un peu long, mais autant Pop que moi avons été ravi de nos assiettes respectives. D'excellentes portions! Et j'ai eu une sorte de limonade à la menthe, de quoi me rappeler ma boisson préférée du Chili! Bref, une victoire sur toute la ligne, pour seulement 29 euros (incluant le repas de ma tante!). La nourriture n'est vraiment pas hors de prix, ici. 
Notre retour à l'hôtel se fait en hâte sous une pluie qui ne pardonne pas, cher lecteur. Après seulement 8 minutes de dédales dans les ruelles serrées de Funchal, nous étions trempés. Heureusement qu'on a la nuit pour étendre nos morceaux! En soirée, comme d'habitude, j'en profites pour écrire mon blog et jaser avec ma tante.

Mention spéciale du jour: la quantité ridicule de sortes de boîtes de sardines différentes, toutes avec un marketing et des couleurs différentes sur les boîtes, malgré des saveurs similaires. Si c'est une tradition, je ne la connaissais pas!

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