Contrairement à ce que tu pourrais croire, cher lecteur, la nuit n'a pas été aussi difficile qu'on aurait pu se l'imaginer. Le plus difficile n'a pas été l'humidité ni le froid, c'était de devoir entendre la chauffrette démarrer et s'arrêter à répétition dans la nuit, rendant difficile le processus d'endormissement. Je dois avoir dormi cinq ou six heures, au moins! Pour la première fois ici, je me paye une douche. Ma tante me rassure: l'eau chaude était au rendez-vous hier, je me dis donc que je devrais être en mesure de profiter un peu malgré l'exercice de traverser l'air froid et humide entre ma chambre et la salle de bain. Honnêtement, à part le fait que l'eau chaude ait pris longtemps à arriver, elle était chaude pour vrai, et ça, c'est le premier petit bonheur de la journée. Je dois avouer que les difficultés de la veille réinitialisent mon horloge interne et me font avoir envie de revenir dans mon lit chaud à Montréal, mais il importe de passer outre ce sentiment et de compter chaque petit bonheur de nos journées. J'ai envie de dire : surtout quand on sait que nos soirées seront froides et humides. Oublions le fait que la douche fasse moins de 1x1 mètre et que le rideau en tissu me colle aux fesses!
C'est une adulte, elle sait gérer sa propre sécurité. Ou, du moins, c'est ce que je tente de me dire.
Hier soir, Pop et moins avions convenu qu'on allait se minder (loi 101: se préparer mentalement) à faire LA randonnée aujourd'hui. Oui, il semblerait que pour quiconque vient à Madère, la randonnée PR1, qui relie le 3e plus grand sommet de Madere au premier plus grand, est quelque chose qu'il ne faut absolument pas manquer. La raison principale de l'avoir prévue aujourd'hui, c'est qu'on s'est dit qu'advenant que nos nuits ici soient très mauvaises de manière consécutive, il serait judicieux de la faire après une mauvaise nuit plutôt que trois.
Les préparatifs matinaux vont bon train, mais on ne se presse pas particulièrement, parce qu'on sait que le sentier est très très populaire le matin, et que les stationnements tout en haut de la montagne sont limités. En fait, on prend même un moment pour contempler le paysage ensoleillé de Seixal depuis nos fenêtres de chambre et, pour ma tante, pour se prélasser brièvement sur notre terrasse. On ne sera pas beaucoup à la maison dans les prochains jours, alors autant profiter des quelques rayons de soleil matinaux!
Je ne sais plus à quelle heure exactement nous quittons la maison, mais le trajet de presque une heure pour atteindre le début de la randonnée fait en sorte qu'on arrive au premier stationnement vers midi. Je dis "premier stationnement", car il en existe un second, collé sur le départ de la randonnée, qui coûte 15 euros de plus et qui est apparemment toujours plein. N'ayant pas voulu prendre de chance, nous nous sommes satisfaits du premier stationnement. Cher lecteur, je ne te parle même pas de la route pour s'y rendre. Initialement sous les nuages (oui, quelle surprise), on se retrouve rapidement dans des courbes ascendantes serrées, au-dessus des nuages après les avoir littéralement traversés. Bref, l'exercice cognitif de conduite, niveau 102. Définitivement, j'aurai affronté davantage de courbes routières dans ce voyage que dans une année complète, voire plus, à Montréal.
Toujours est-il qu'on arrive au stationnement, on paye, puis on se demande comment se rendre plus haut, au départ de la randonnée. Cher lecteur, plusieurs personnes choisissent de suivre la route déjà peu large, mais Pop et moi, on trouve ça un peu dangeureux, d'autant plus qu'une piste tracée s'avance dans la montagne. On suit donc cette piste en commençant déjà à prendre des photos, car le paysage est déjà fou. C'est normal, après tout, on commence la randonnée au 3e plus haut sommet de l'île! J'apprends un peu plus loin, alors qu'on s'avance dans un promontoir qui ne fait même pas partie de la piste principale, que ma tante n'était pas au courant que toute la partie qu'on vient de marcher, ça ne fait même pas partie de la randonnée! Surprise, elle se dit qu'on prend beaucoup de photo. Mais bon, je veux en prendre beaucoup aussi. Je fais un peu d'escalade improvisée et elle, quelques autres petites folies.
C'est une adulte, elle sait gérer sa propre sécurité. Ou, du moins, c'est ce que je tente de me dire.
Avec tout ça, on décide de s'arrêter au début du vrai de vrai sentier pour que Pop puisse manger son dîner, et moi, quelques pistaches et un croissant au chocolat acheté à l'épicerie la veille. D'ici, le sentier semble déjà comme une montagne russe, des hauts, des bas. On a appris un peu plus tôt que le sentier n'est ouvert que sur 1,2km au lieu de la randonnée complète de 3km environ, donc on ne pourra pas se rendre au plus haut sommet de l'île. Je te le dis tout de suite, cher lecteur, les paysages que nous avons vus ne nous laissent malgré tout aucun regret. C'est difficile de décrire une randonnée! J'en retiens 3 éléments curieux et dignes de mention, hors les paysages. D'abord, on a vu un oiseau typique de Madère, de très proche, et toujours non identifié. Il avait un genre de masque rouge particulier et avait une bonne taille, je te laisserai la photo.
Au bout du sentier, on croise un Français d'environ mon âge qui a marché l'île depuis Funchal, la capitale, pendant 2 jours, pour se rendre ici. Son téléphone étant mort, Émile (c'était son nom), nous demande de prendre quelques photos pour lui et de lui envoyer par courriel, ce que je fais avec plaisir tout en apprenant brièvement à le connaître. Il vient de Brest, il est du camp "pain au chocolat" - c'est l'essentiel à savoir sur un Français! Je blague. N'empêche, la rencontre était sympathique.
Enfin, un bonne partie de la fin du trajet se déroule à côté ou dans les nuages. On croise d'immenses crevasses qui semblent littéralement générer des nuages. Alors que hier, couché sur le quai de Funchal, j'en avais vu mourir devant mes yeux, aujourd'hui, je les vois se créer. Fascinant, quand même! Ma tante ne cesse de répéter que c'est Féerique, à défaut de trouver de mots plus forts. Certains nuage semblent même se créer avec un arc-en-ciel au milieu, le comble.
Autrement, je te laisse un paquet de photos triées parmi les 600 que Pop et moi avons prises aujourd'hui. À nouveau, difficile de toutes les décrire - une randonnée qui aurait dû durer une ou deux heures en a pris quatre, clairement à cause de nos pauses photos. Ne t'inquiète pas, cher lecteur, on était tous consentant à s'arrêter pour les prendre!
À la fin de la randonnée, je m'achète un gâteau à la mélasse apparemment typique au petit Snack Bar de l'endroit, et prends un moment pour le déguster devant les nuages. Pas trop longtemps, car on veut essayer de quitter avant la tombée du soleil, parce que conduire dans le noir... Disons qu'avec ces routes-là, je préfère éviter! La descente depuis le restaurant jusqu'à la voiture se fait sans trop de problème, ma tante fait bien attention dans la descente avec son genou qui lui fait un peu plus mal, même si la randonnée s'est très bien passée pour elle dans l'ensemble.
On décide de se payer un bon restaurant pour le souper, quitte à arriver tard à notre hébergement ce soir (oui, je sais, je me contredis, ça va impliquer de conduire dans le noir). Toujours est-il que le hasard fait bien les choses, le restaurant que j'ai pris sur la côte est se révèle être sur le site d'un hôtel où des jardins aménagés et des vignes nous offrent un spectaculaire point de vue là encore. C'est un restaurant un peu plus chic, donc on détonne un peu dans nos habits de randonneurs, mais les serveurs ont été très amicaux. On profite bien de notre souper à jaser et déguster - Pop se prend une brochette de légumes qui s'avère une brochette de simili-viande pas très bonne, au moins elle a pu manger autre chose dans son assiette! Moi, je prends une entrée de crevettes et un poisson en plat principal, accompagné d'une banane chaude (très bon) et d'une crème au fruit de la passion, encore là très bon! Une petite limonade et une vue incroyable depuis la terrasse chauffée du restaurant (pas comme notre hébergement) viennent compléter le tout. Ma tante (qui est aussi ma marraine) m'annonce après coup qu'elle me paye le souper, comme cadeau de fête (1 mois en avance, il faut le dire). Ce n'était pas nécessaire, je suis un peu embarrassé, ce n'était pas donné, mais je la remercie amplement. Les deux, nous sommes très content de cette expérience un peu plus chic et d'avoir pu partager ce souper ensemble (ce sera des pâtes sauce en pot pour le reste du voyage, ça te donne une idée, cher lecteur!).
La mention spéciale du jour va à la petite maison typique que nous avons pu voir sur le même site du restaurant et de l'hôtel, sans même avoir à se déplacer à l'emplacement touristique recommandé. Ça a fait un petit bonheur à ma tante, puis j'avoue que c'est plutôt charmant.
Le retour à la maison se fait sans problèmes, quelle bonne nouvelle. Il fait même un peu plus chaud qu'hier à l'intérieur : 18,5 ! Il faut compter les victoires, cher lecteur :)
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