21 février : Levada Do Alecrim et Porto Moniz 4 fois

Cher lecteur, cette nuit a été un peu plus froide. Cela dit, il est encourageant de se dire que chaque nuit est, du moins en termes de sommeil, un peu moins pire que la précédente. Il faut se dire que c'est peut-être la faute à la fatigue qui s'accumule. Décidément, c'est possible que j'aie surestimé mon niveau d'énergie pour partir une semaine complète en vacances! Tout cela étant dit, je peux difficilement me plaindre, on voit chaque jour de magnifiques paysages et des dénivelés surprenants.

Initialement, Pop et moi avions parlé de faire deux randonnées. Celle de mercredi, reliant deux des plus hauts sommets de l'île, était un peu un passage obligé, et on l'avait prévue en avance. Toutefois, on n'avait rien de spécifiquement prévu pour la deuxième. Cher lecteur, le choix s'est fait hier soir, alors que je procrastinais l'écriture de mon blog et que ma tante cherchait ses lunettes de lecture dans toute la maison. Madère a, un peu partout sur son île, des "Levada". Il s'agit de vieux canaux creusés dans la montagne pour, de ma compréhension, récupérer l'eau de pluie et plus généralement l'eau des montagnes. Pour te donner une idée, il doit bien y en avoir une centaine. Alors que certaines sont plus vieilles et potentiellement moins bien entretenues, beaucoup sont encore utilisés et un sentier est aménagé juste à côté pour permettre de les suivre et, justement, de les entretenir. La conséquence : plusieurs dizaines de sentiers de randonnée sont nés. Les revues que nous avions regardées en ligne la veille étaient généralement très positives pour toutes les randonnées de type Levada, toutefois, les commentaires en eux-mêmes variaient beaucoup, allant de trop nuageux à pas assez, trop plat, pas assez plat, des vaches, des chiens... On a fini par se décider et faire la Levada Do Alecrim, apparemment très accessible pour deux personnes au cardio loin du top comme ma tante et moi. Voilà, tu as maintenant un peu plus de contexte sur notre activité de la journée.

On finit par quitter la maison relativement tôt selon nos standards, mais plus tard que prévu, vers 9h45. Il faut dire que mon thé ne refroidissant pas assez vite y est probablement pour beaucoup, ce n'est pas faute d'avoir réveillé ma tante trop tard. Bon, je l'avoue, je me suis permis une quinzaine de minutes en extra dans mon lit, car j'ai regardé à nouveau la météo et la pluie prévue en après-midi semble avoir été repoussée en soirée. Nous avons prévu un petit détour par Sao Vicente avant de rejoindre notre randonnée. Cette ville est construite, pour ainsi dire, dans la vallée/crevasse entre deux montagnes, et semble être une des premières à recevoir du soleil de notre côté de l'île. On y arrive vers 10h pour voir un grand chantier de paysagement pile au milieu des deux montagnes - ça gâche un peu la vue, mais en regarsant l'océan, on se console vite avec les très grandes vagues apaisantes. En fait, même en regardant vers la montagne, on n'a qu'à lever les yeux et contempler la montagne taillée en escaliers, probablement un travail d'habitant datant de longtemps, dans le but de cultiver les flancs de ladite montagne.
En s'avançant dans la ville, on remarque une drole d'exposition de roches placées sur des piliers. La signification de ceci est à ce jour inconnue: aucune plaque explicative n'a pu nous aider à le déterminer. Plus loin, un petit pont en bois semble donner accès à un passage rappelant une grotte. Il n'en faut pas plus pour motiver le duo que nous sommes: on va voir si l'accès est fermé. Il faut savoir que la ville abrite aussi des grottes naturelles, mais que depuis un tremblement de terre survenu en 2020, ces grottes et leur exploration sont fermées au public. Bref, on aurait aimé avoir un goût de grotte, et c'est ce que le petit pont nous aura finalement apporté: le mini sentier n'était pas fermé! On longe donc la rivière pendant... 4 minutes? Le temps de passer dans le petit tunnel qu'on pourra à qualifier de grotte à partir de maintenant. C'est chou, et ça coche notre case tunnel. Rapidement (ce n'était qu'une escale, après tout), on dit au revoir à Sao Vicente pour reprendre la route en passant par une plage en construction. Eh oui, la grosse saison touristique étant l'été, j'imagine qu'ils profitent de "l'hiver" pour refaire une beauté à leurs places et littoral. Après tout, 20% du PIB (PNB?) de Madère vient du tourisme selon Wikipédia! Clin d'œil.

L'aventure qui suit se résume vite, mais représente au moins 10, si ce n'est 20 minutes perdues parce que le GPS (et potentiellement le conducteur) ne sont pas tout à fait efficaces à naviguer les multiples détours et tournants de la côte nord de Madère. En gros, j'ai soit manqué ma sortie, soit pris la mauvaise entrée, de sorte que je me suis retrouvé pas une, mais deux fois supplémentaires à aller faire le rond point de Porto Moniz (ville visitée hier, donc nous sommes à 3 fois au total maintenant). Je pense qu'il va falloir qu'on le baptise notre village préféré juste pour ça, cher lecteur. Toujours est-il qu'on finit par prendre la 209, la bonne route, et hop! La partie chiante commence: détours, coins, tournants, pentes, voitures garées de façon à occuper la moitié de la voie... On en voit (hihi) de toutes les couleurs. Une chance que j'ai Pop ma copilote pour me dire constamment l'espace que j'ai entre la voiture et le muret/la rampe à droite - sans ça, je suis incertain que je m'en serais sorti!

La bonne nouvelle, c'est qu'à mesure qu'on dépasse les nuages, le soleil sort. Logique, tu me diras. Ça nous donne un peu d'espoir, nous qui ne savons jamais vraiment comment nous habiller à cause de la température un peu imprévisible. On fait un premier arrêt à l'emplacement d'un petit point de vue, où on croise un couple de Français qui ont, eux, fait la randonné de la montagne depuis le bas. Ils se targuent entre eux d'avoir marché 8km, alors on se rend bien compte de notre privilège (lire paresse). Le point de vue est beau, mais pas aussi extraordinaire que notre randonnée de mercredi. Il faut croire que les standards sont rendus hauts!

Je prends le temps d'appliquer de la crème solaire un peu partout avant quitter ce petit arrêt point de vue (en portugais : Miradouros, je pense). Le soleil tape vraiment fort, et je veux éviter de revivre les coups de soleil que j'ai sur les bras une deuxième fois!

On (je) conduit encore une dizaine de minute dans une météo qui change rapidement. De soleil tapant, on est maintenant dans un nuage où une bruine de pluie règne. Les deux stationnement semi improvisés sont complètement pleins, alors je m'aide de ma tante pour me stationner en bord de route sans accrocher de poteau en pierre (ils sont bien cachés dans la végétation de bord de route, mais ils sont là!) Après des manœuvres qui auraient rendu fière ma prof de conduite, on débarque dans un temps maussade, et on prépare nos affaires. J'enfile mon imperméable : au diable mes couches de crème solaire. Après un repérage rapide, on s'élance dans la Levada Do Alecrim. Dès le début, on trouve assez spécial le canal rempli d'eau claire qu'on commence à suivre. Tu t'en doutes cher lecteur : toute la randonnée suit le canal. On y a même vu des poissons! Comment? Pourquoi? Il ne faut pas poser de questions. 
La route est essentiellement plate, sauf pour un escalier assez facile, collé sur une cascade ingénieusement faite pour que l'arrivée ne provoque pas de débordement. Pop a eu l'idée d'y mettre sa main, ce qui a éclaboussé dans mes bottes. Heureusement, l'eau a seulement mouillé le haut de mes bas, et je n'ai pas eu les pieds complètement trempes. Je lui pardonne, c'était une de ses folies de la journée. Pop et moi, on ne s'est pas tanné des paysages qui évoluaient peu, parce qu'on était fascinés par le concept de suivre un canal d'eau de montagne. Dans la même optique que mercredi, c'est difficile pour moi de décrire une randonnée. Certains passages étaient plus étroits, et on a croisé pas mal de gens, sans non plus dire qu'il y avait foule. L'allée a été plus plaisant que le retour, car le soleil s'est rapidement pointé, tandis qu'au retour, j'étais très content d'avoir trainé mon imperméable!
Au bout du sentier, on voit de belles chutes et on en profite pour manger notre lunch (pour ma part, des pâtes au pesto préparées le matin même dans un ziploc - c'est un concept). Ma tante s'aventure sur un rocher au milieu des paliers de la rivière, et on aperçoit enfin le début de la Levada. Comment ils ont trouvé où commencer le canal et pourquoi il circule dans une direction donnée, voilà d'excellentes questions sans réponses, cher lecteur.

Au total, la randonnée comporte 3,5km dans chaque sens; ce n'est malheureusement pas une boucle, mais ça nous permet de nous prendre en photo devant l'arrivée, sourire aux lèvres.
Dans le brouillard, nous reprenons la voiture en direction de la maison, car au final, tout ceci (avec le transport et mes multiples détours) aura occupé la majeure partie de notre journée. En chemin, on s'arrête à un point de vue en hauteur, une fois descendus sous les nuages, pour observer une vallée et le rocher de Porto Moniz au loin. Petit arrêt, mais qui en valait la peine. Accessoirement, un monsieur chez qui on peut bien voir sa cour arrière a fait un étalage de courge - Pop est surprise par la taille de ces dernières.

Cher lecteur, rien n'arrive pour rien, j'ai encore pris la mauvaise sortie et je me retrouve en direction de Porto Moniz pour la 4e fois aujourd'hui. Tant qu'à profiter de la météo et à être pris vers cette direction, on s'arrête en bordure de l'ancienne autoroute E101 pour aller marcher là où la végétation a depuis longtemps repris ses droits et où les roches risquent de s'ébouler sur nos têtes à tout moment. C'est quelque chose que Pop voulait faire depuis notre arrivée, et le hasard a voulu que ça adonne aujourd'hui. À part mon stress constant de me faire écraser par une roche, il faut dire que le point de vue résultant sur la ville de Porto Moniz (rappelle-toi, je suis en direction de, je n'y suis pas encore) en valait la peine.

En me rasseyant dans l'auto, je lis du coin de l'œil un message courriel d'Evelyne, une de mes anciennes chargées de cours, qui, contexte à part, dit espérer que je me régale de Bolo Do Caco à tous les jours de mon voyage, car elle a visité Madère l'an dernier. Ça me frappe: je n'ai toujours pas essayé ça! Bon. Initialement, mon énergie me dit non. Puis, ma raison me dit que je ne peux pas pas l'essayer. Tu te souviens? On se dirige vers Porto Moniz, autant en profiter! Je te le dis, on a tourné en rond longtemps, mais on finit par trouver un petit snack bar très haut dans la montagne, où nous sommes les seuls clients sur la terrasse. Vue de fou, mais tellement seuls que même la serveuse nous a oubliés - j'ai dû aller commander en bas des escaliers, à l'intérieur. Le Bolo Do Caco, c'est un pain à sandwich traditionnel - c'était très bon avec un steak, oeuf, fromage, laitue et tomate + patates frites. Comme quoi, le hasard d'être revenu à Porto Moniz m'aura permis de goûter à ceci, de souper en prime, et d'avoir une superbe vue en bonne compagnie pour seulement une quinzaine d'euros. D'ailleurs, Pop a aussi pu goûter, mais elle a pris le pain seulement tartiné de beurre. Je crois qu'elle a aimé!

Le retour à la maison se fait sous le signe du départ prochain. Je relaxe une majorité de la soirée, en tentant de ne pas m'endormir trop tôt malgré mon énergie assez faible. Au moins, j'en profite pour écrire un peu et faire mes bagages. Demain, il restera seulement une orange du jardin à manger ainsi que quelques trucs à ranger.

Dernières mentions spéciales en lien avec la maison: la peinture de Pikachu et Lucario qui sont sur une colline, signée clairement: un enfant doué en peinture. Autre mention spéciale, le parfum diffuseur à saveur de... kamasutra. Définitivement, ils font ce qu'ils peuvent pour cacher, sans succès, l'odeur d'égoûts qui empeste toujours les toilettes...

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